Faire un film sans caméra (2/2) : atelier mashup

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Mashup Film Festival © 2022 Mashup Cinéma Webzine

Cette ressource pédagogique propose de donner les éléments de réflexion nécessaires aux enseignants pour structurer l’élaboration d’un atelier vidéo sur le thème du mashup ainsi que des outils pour guider et accompagner leurs élèves dans une pratique de création réelle et sensible.

Niveau : initiation/débutant.

Ces différents éléments méthodologiques ont été exposés par Julien Lahmy, cinéaste, lors de l’atelier qu’il a animé durant le stage national du PREAC Image, Matières et Création de Clermont-Ferrand en mai 2019. Vous pouvez visionner cette conférence sur le site du Festival du court métrage de Clermont-Ferrand.

Vous pouvez retrouver également le livret de formation du stage national 2019 « Faire un film sans caméra » et une sélection de mashup.

Un film mashup, c’est la rencontre du cinéma et d’Internet. C’est l’art de créer un film sans caméra, en empruntant une matière filmique et sonore préexistante. Faire du neuf avec de l’ancien est une pratique artistique vieille comme le monde et beaucoup d’artistes puisent leur inspiration dans des œuvres antérieures. Avant les « remixeurs » actuels, des collages d’images ont été réalisés par les dadaïstes, les surréalistes, les artistes du pop art, etc. Mais alors que réaliser un film a longtemps été l’apanage d’une élite, les outils de l’ère numérique d’aujourd’hui rendent cette activité artistique accessible à tous.

I/ Éléments méthodologiques : dans quelle direction partir ?

On peut distinguer deux types de création filmique à partir d’un matériau visuel préexistant :

  • le premier prend ses racines à partir des années 50 dans ce qui a été appelé le found footage ; c’est un cinéma d’avant-garde de l’époque ; il s’agissait alors de retrouver des bouts de pellicules laissées de côté et de se les réapproprier ; aujourd’hui, et dans le prolongement de cette pratique, cette démarche amène les créateurs à utiliser des images vidéo qui peuvent provenir d’Internet ; les images choisies peuvent être banales, voire triviales, mais la création artistique permet de sublimer ce matériau visuel ; il s’agit d’un mouvement ascendant ;
  • le second type de création se positionne dans une pratique inverse ; les créateurs vont s’approprier des icônes cinématographiques ou des figures emblématiques de la pop culture avant de les détourner ; la création mashup se situe dans ce mouvement descendant.

On notera bien qu’il ne s’agit pas de règles strictes et hermétiques et que des créations peuvent emprunter à ces deux registres.

Il existe plusieurs types de mashup qu’il est nécessaire de distinguer. Clairement identifiables dans certains films, on notera cependant leur combinaison dans d’autres. Ces quatre approches ou gestes mashupesques sont les suivants :

1. La révérence

C’est le côté pop du mashup. C’est un hommage aux différentes figures du cinéma. Dans ces films, les acteurs, facilement identifiables, y sont célébrées. 

3. Le scanner

Les auteurs de ces mashup font apparaître comment se construisent les films. Ils rendent visible la composition des images ou certaines intentions de leurs créateurs.

2. Le doigt d’honneur

C’est le côté punk du mashup. L’intention des auteurs de ces films est davantage de faire tomber les icônes de leur piédestal que de se moquer d’elles.

4. Le coup de pinceau

À partir de différents matériaux visuels, les réalisateurs de ces mashup recréent une nouvelle fiction, un nouveau récit.

Il s’agira pour les élèves de choisir une de ces quatre possibilités avant d’entreprendre la collection de ces images et de ces sons.

Pour voir des exemples, se référer à la conférence de Julien Lahmy.

II/ Matériaux vidéo et sonore : comment constituer une collection ?

Pour les élèves, il est nécessaire  de choisir un sujet ou un thème puis de constituer une large banque d’images et de sons qui sera utilisée lors du montage. Pour cela, deux possibilités s’offrent à eux.

Des sites dédiés
À partir d’archives ou de catalogues, différents contenus sont téléchargeables :

Des sites web d’hébergement de vidéos
Il peut s’agir de YouTube, Dailymotion, Viméo, etc. Comme il n’est pas possible, la plupart du temps, d’enregistrer les vidéos, plusieurs sites proposent aux utilisateurs de capturer les vidéos en ligne comme, par exemple, le convertisseur YouTube en MP4.

Conseil : pour les élèves n’ayant pas d’idées, il est possible de choisir une chanson qui servira de point de départ au travail.

III/ Quels outils informatiques et quels logiciels utiliser ?

Vidéo
Il est proposé aux élèves d’utiliser le logiciel d’édition vidéo libre et gratuit ShotCut. Celui-ci est relativement léger et utilise peu de ressources de l’ordinateur.
Présentation et informations du logiciel
Téléchargement du logiciel

Audio
Si un travail audio est nécessaire, les élèves peuvent utiliser le logiciel d’édition audio libre et gratuit Audacity.
Présentation et téléchargement du logiciel

IV/ Le montage

Quel type de montage ?

Il ne s’agit pas d’exposer un cours de cinéma car le montage cinématographique est un art à part entière. Ci-dessous, quelques repères sont proposés aux élèves afin de produire une séquence vidéo simple et cohérente.

Il existe plusieurs types de montage (cut, alterné, parallèle, formel, etc.). Il est proposé aux élèves débutants de réaliser un montage cut, c’est-à-dire un montage où les plans se succèdent les uns après les autres sans effet d’enchaînement.

Comment faire la transition entre deux images ?

Pour donner de la lisibilité à ce qui sera montré à l’écran, il est nécessaire d’être attentif à la manière dont une image succède à une autre. Plusieurs modes de liaison sont possibles entre les différents plans. Il sera expliqué succinctement ici comment réaliser ces liaisons dans une visée de montage cinématographique de type narratif.

Le mot raccord désigne des figures de montage qui permettent de renforcer la continuité visuelle entre deux plans successifs. Plusieurs possibilités s’offrent aux élèves :

  • le raccord de direction : il y a raccord de direction lorsqu’un déplacement qui a lieu dans un plan se poursuit dans la même direction dans le plan suivant ; par exemple, l’entrée d’un personnage dans le champ du second plan se fait par le bord du cadre opposé à celui dans lequel le personnage était sorti ; conseil : au montage, le personnage ne doit pas sortir complètement du cadre avant de raccorder son entrée dans le cadre suivant : cela permet de gagner du rythme et de la vitesse ;
  • le raccord de mouvement : il y a raccord sur le mouvement lorsqu’un mouvement quelconque commencé dans un plan se poursuit dans le suivant ; par exemple, sur un premier plan, un personnage s’apprête à ouvrir un paquet de bonbons et, sur le plan suivant plus serré, la main de ce personnage ouvre le paquet et en sort un bonbon : le raccord se fait sur le mouvement de la main ;
  • le raccord de regard : il lie le plan de quelqu’un qui regarde à un plan de l’objet regardé ; par exemple, un personnage regarde dans une direction hors-champ et, dans le plan suivant, on voit un avion en train de décoller ; le spectateur aura l’impression que le personnage observe cet avion ;
  • le champ/contrechamp : ce procédé permet de montrer en alternance deux personnages se faisant face ;
  • le raccord dans l’axe : il lie deux plans de grosseurs différentes, filmés selon le même axe de visée : tantôt la caméra s’éloigne, tantôt elle se rapproche, sans que l’axe soit modifié.

Méthode simple pour le logiciel de montage :

  • importer les plans ;
  • sélectionner un plan qu’on souhaite ajouter au montage et le couper là où on veut qu’il commence et se finisse ;
  • l’ajouter dans le bas de l’écran à la timeline, c’est-à-dire la frise chronologique où sont déposés les plans les uns à la suite des autres.

Quelques conseils :

  • il vaut mieux raccourcir un plan plutôt que l’allonger ;
  • il vaut mieux faire des raccords « en mouvement » plutôt qu’attendre qu’une action soit terminée pour changer de plan ;
  • si on hésite sur l’enchaînement des plans d’une séquence, on peut couper le son et visionner à nouveau la séquence : on sera alors plus attentif aux images.

Entrées des programmes d’arts plastiques au cycle 4

Questionnement disciplinaire

  • La matérialité de l’œuvre ; l’objet et l’œuvre
    • Le numérique en tant que processus et matériau artistiques (langage, outils, supports)

Compétence disciplinaire

  • Expérimenter, produire, créer
    • Explorer l’ensemble des champs de la pratique plastique et leurs hybridations, notamment avec les pratiques numériques.
    • Exploiter des informations et de la documentation, notamment iconique, pour servir un projet de création.

Bibliographie/sitographie

Amiel Vincent, Esthétique du montage, Paris, Armand Colin, coll. « Cinéma / Arts Visuels », 2017 (4e éd.).
Pinel Vincent, Le Montage. L’espace et le temps du film, Paris, Cahiers du cinéma, coll. « Les Petits Cahiers », 2001.
Van Sijll Jennifer, Les Techniques narratives du cinéma. Les 100 plus grands procédés que tout réalisateur doit connaître, Paris, Édition Eyrolles, 2006.

Site internet de référence : Mashup Cinema Webzine.
Site internet Upopi, Initiation au vocabulaire de l’analyse filmique, d’après un cours de Laurence Moinereau.

L’AUTEUR
Morgan Beaudoin
est professeur d’arts plastiques au collège privé Sainte-Marie de Riom (63) et professeur-relais au FRAC Auvergne depuis septembre 2020. Il a été correspondant DAAC de l’académie de Clermont-Ferrand sur la thématique des arts visuels jusque fin août 2020.