Comment animer une analyse chorale ? (5/6) : Le déroulement d’une analyse chorale

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Cette ressource fait partie de la piste pédagogique “Comment animer une analyse chorale ?”

5. Le déroulement d’une l’Analyse Chorale

La durée : Il n’y a pas de règle prescrite. On dit que l’analyse chorale est terminée lorsque le groupe est parvenu à élaborer les principaux enjeux esthétiques et herméneutiques du spectacle analysé. En général, une analyse chorale dure entre 1 et 2 heures.  

Le nombre de participants : pour que la choralité s’exprime pleinement, un effectif de 15 à 25 personnes est idéal. Au-delà de ce nombre, l’animateur ressentira une difficulté légitime à ne pas « entendre » tout le monde. On rappellera que la prise de parole d’un participant – si elle est vivement souhaitée – n’est pas obligatoire. Le travail intérieur du spectateur silencieux ne le rend pas moins actif.  

Avant de commencer :  

L’animateur énonce les règles du jeu et l’éthique de l’exercice.  

Pendant :  

Comme toute maïeutique qui s’appuie sur la construction progressive du sens à partir d’échanges libres, l’analyse chorale obéit à une certaine pédagogie du désordre. A l’opposé des méthodologies du commentaire littéraire ou de la dissertation par exemple, elle ne peut mimer un ordre rationnalisé et structuré de la pensée. Chaque analyse chorale est donc originale et imprévisible parce qu’elle dessine l’écriture singulière de la relation entre l’animateur, le groupe et le spectacle analysé. C’est un consentement auquel il est parfois difficile de céder mais la pratique de l’exercice prouve par l’expérience que les publics participant développent des compétences d’analyse d’autant plus émancipées qu’elles sont précisément décomplexées des modèles scolaires3.   

 En fonction de sa pratique et de son niveau d’expérience l’animateur dispose de plusieurs approches :  

  • Une entrée à partir de la réception (le spectateur) :  

L’animateur ouvre l’analyse par 2 questions à compléter par chaque spectateur présent :  
L’horizon d’attente : « Dans ce spectacle ce que j’attendais c’est »  
L’étonnement : « Dans ce spectacle ce qui m’a étonné c’est… » 

 A la différence de la première méthode qui s’appuie sur le regard et de l’expérience subjective du spectateur, la démarche descriptive s’appuie sur les repérages du spectacle en tenant le spectateur momentanément à l’écart de l’interprétation.  Quelle que soit la méthode retenue, chacune préserve d’une part de l’écueil du jugement et d’autre part permet d’accéder efficacement à l’interprétation.  

A qui s’adresse ces deux approches :  

  • La méthode de l’ANRAT fondée sur la description et l’organisation par entrées scéniques (scénographie, lumière, son, jeu de l’acteur etc.) peut intéresser un public ciblé en cours ou désir de formation scolaire ou universitaire. 
  • L’approche par la réception qui prend plus en compte l’écoute sensible du spectateur et fait confiance à une construction du sens en apparence plus désorganisée est un champ de découverte très libre et émancipateur pour le grand public.   

 Après : La conclusion.  

L’animateur peut conclure à partir des éléments recueillis durant l’analyse en reformulant de façon problématisée les enjeux artistiques et esthétiques du spectacle. Il peut aussi laisser en jachère des questionnements, en relancer d’autres pour soutenir le mouvement possible de la réflexion au-delà du temps partagé de l’analyse.  

3 Pour les enseignements de spécialité, l’analyse chorale est un excellent exercice préparatoire au compte-rendu de spectacle ou à d’autres travaux d’analyse construits. Elle permet aux élèves et étudiants d’agencer et d’enrichir les analyses en évitant la solitude et l’écueil des contre-sens.